D'
ordinaire, les livres sur Johnny ne me mettent pas en colère,
même ceux qui répètent les mêmes choses que les précédents
... il faut bien manger !! Et puis, souvent, les belles
photos compensent la faiblesse des propos.
Mais si ceux-ci sont grossièrement mensongers ou carrément
méchants, alors ça me met en colère. C'est le cas pour le
livre de Véronique Mortaigne, "Le roi caché",
ed. Don Quichotte, nov.2009 que je viens de terminer et dont
le but évident de l'auteur, d'après Télérama (n° 3129,
02/01/2010) est de " désacraliser l'icône" [...]
"par son regard iconoclaste".
J'ai le sentiment d'avoir été piégée par le résumé
aguicheur de la quatrième de couverture... Car, soyons
clairs, qui sont les principaux acheteurs des livres sur
Johnny ? Nous, bien sûr, ses fidèles admirateurs. Or, on
nous sait plutôt gentils, tolérants et généreux, à
l'image de celui que nous aimons. Ainsi, peut-on aller
jusqu'à nous faire acheter des ouvrages même critiques...
mais il y a des limites !!! Et lorsqu'elles sont franchies,
moi, je n'ai plus envie d'être gentille..
Je n'insisterai pas sur le style maladroit, sur les
interminables digressions hors-sujet et les nombreuses répétitions
(mêmes fiches réutilisées ou écriture à plusieurs mains
?)... Tout le monde n'est pas Philippe Labro, Daniel Rondeau
ou François Weyergans. Moi non plus, d'ailleurs... mais au
moins je ne me fais pas payer...!!
Dans
ce pamphlet largement à charge, pas une once d'empathie
envers Johnny ! Mais, une succession de petites phrases vipérines
où transpirent le mépris et les frustrations de gloire des
petits "journaleux" pas très besogneux.. Pour
faire court, voici quelques-unes des inepties qui illustrent
les raisons de ma colère :
Au début, tout va bien, ça se veut "objectif".
Je passe sur les erreurs un peu grossières :
- p.20 : Les statues du décor du Tour66 ne sont pas...
hermaphrodites... ce sont des femmes à têtes d'aigles !
- p.41 : Le Flashback Tour, ce n'était pas en 1996 mais...
en 2006 !
- p.118 : L'album "Rough town" devient "Rough
trade" !
- p.124 : La chanson "ça peut changer le monde",
serait sur l'album Blues !
- p.194 : Le Zénith 1984 serait la période Mad Max en lieu
et place du Palais des Sports 1982 !
On supporte les citations d'auteurs, aussi nombreuses
qu'incongrues, procédé d'écrivain utilisé souvent pour
se cacher derrière le talent des autres : ainsi, de
Lao-Tseu (p.14) dont on nous précise, parce qu'on est forcément
incultes, que c'est un voisin de palier de Confucius, plus
connu... puis, entre autres, un poète persan, l'américain
Norman Mailer, Jules Renard, Yasmina Reza... On peut dire
qu'on voyage !!!
On s'ennuie ferme dans d'inutiles descriptions de
remplissage sur l'origine de noms de rues, sur l'histoire de
la Principauté de Monaco, sur les mines du nord (un coup
chez les riches, un coup chez les ch'tis)...
Ca commence à devenir nettement glauque quand on nous assène
deux ou trois blagues... belges, forcément, très
moyennes... (p.65, p.183)
Mais on arrive au pire ! Parmi l'accumulation de lieux
communs, je vous ai réservé un florilège pas piqué des
hannetons, de l'anti-Johnny primaire qui nous vise aussi :
- p.54 : Tour
66. A
propos de la chanson "Quelque chose de Tennessee",
je cite : "Mon voisin de gauche croit encore qu'il
s'agit de l'état américain du Tennessee..."
- p.101 : "La génération yé-yé donne une traduction
très conservatrice, très individualiste de l'Amérique,
loin des combats politiques (ségrégation raciale, guerre
du Vietnam...)". V. Mortaigne se garde bien de rappeler
que, d'une part, nous avions, alors, entre 12 et 18 ans et
que, d'autre part, ça ne nous a pas empêchés d'acheter
les chansons engagées de Bob Dylan traduites dès 1963 par
Hugues Aufray !!
- p.113 : Les teenagers de l'époque voulant ressembler à
James Dean ont, dit-elle : "L'air amer et dur, le mépris
aux lèvres [...], un portait exact de Johnny posant
jeune..." (?????...) A-t-elle pris une minute pour
regarder le beau sourire de Johnny sur ses photos
d'adolescence ????
- p.135 - 138 : Interlude fielleux de quatre pages sur la grève
des ouvriers "Fabris", de Châtellerault... qui se
conclut par : "Hallyday allait garer son Hummer chez
ses hôtes de Matignon, matraqueurs d'intermittents et
casseurs de retraite [...] Quant à Hue et Raffarin, on
comprend mieux leur parcours politique puisque Johnny était
leur référence musicale de jeunesse...
- p.145 (ça va vous plaire...) : Le Tour 66, "c'est la
Victoire de la Culture Viagra sur l'Art de la séduction
[...] Il faut faire le coq et montrer qu'on en a".
- p.157 : Je résume : "A l'été 2009, Johnny se
repose à St Bart tandis qu'en France, le petit peuple bosse
"... Carrément nul : il était en train de se faire opérer
d'un cancer !!
- p.185 : Sur le film "J'ai tout donné" de F.
Reichenbach, elle écrit : "Hallyday est exécrable,
frimeur, démonstratif"...
- p.211 : Pour "Diego libre dans sa tête", elle
poursuit : "A-t-il compris que la chanson dénonçait
les dictatures sud-américaines, notamment [...] au Chili
?"
- p.231 : A propos d'une interview de F3, en 2006 :
"Voix pâteuse, regard bas, la star est saoule. Le débit
est hésitant, ça bafouille."
- p.239 : A propos de l'adoption de Jade, on a droit... à
l'aide de Bernadette Chirac et à l'âge du capitaine (61
ans et déjà grand-père).
- p.241 : Plaisir malsain de citer Renaud, pendant la
campagne présidentielle : "Johnny,... l'idole des
vieux, Doc Gynéco,... l'idole de rien" ! -
p.242 : Comme on est un peu bouché, on nous répète deux
fois que le Fouquet's où Sarkozy a mangé avec Johnny et
d'autres, ce n'est pas la pizzeria "Chez Dédé",
mais qu'il fait partie du groupe Lucien Barrière, hôtels,
restaurants, casinos…
Enfin, on touche le tréfonds de l'imbécillité en nous
tartinant plus de vingt pages sur Johnny et le fric :
"parti en Suisse, se garer des impôts"
(p.233)"...
"gagner plus et payer moins devient obsessif pour un
chanteur naguère flambeur" (p.247)... "Johnny, à
la fois primaire et machiavélique "(p.258) et
d'insister sur "l'appât du gain" supposé de
Johnny !!!!!!!..... Comique!!!! Passons sur le couplet du
bouclier fiscal ...
Allez ! Une petite dernière pour la route, un chouia
d'antisémitisme : "Alain Lévy,... un juif lorrain
(s'il avait été catho, l'aurait-elle souligné ???) [...]
a beaucoup compté dans la carrière de Johnny"(p.258).
Voilà !!!! Tout ça pour vous dire que je n'aime pas qu'on
se fasse du fric sur notre dos en dénigrant Johnny d'une
manière aussi ridicule que malsaine !! Nous ne sommes pas
des vaches à lait ! Encore que je respecte bien plus ces
dernières que ladite Véronique Mortaigne...
On peut se dire qu'on s'en fiche, qu'on ne va pas gâcher
notre énergie, mais il est des fois où ça fait du bien de
ne pas laisser passer... C'était une de ces fois ! Je
n'avais pas envie de laisser le dernier mot au mensonge et
à la méchanceté !!
N'en déplaise à ses petits, petits, tout petits détracteurs,
depuis cinquante ans, il y a Johnny, beau, fraternel, génial
, là-haut, dans les étoiles,... et les autres !!!!! Point
barre !!!
Heureuse d'avoir pu partager ici, avec vous, mon énervement
du moment ... A
plus!!...