Ce matin je n'ai plus d'âge, la grisaille de ce monde s'est envolée.
Oubliées les cicatrices de la vie, bannie l'horloge du temps.
Ne plus chercher, ne plus douter
« Je vais voir Johnny »
!!!!!!!!!!
Saint-Etienne, Bruxelles, premières étapes de la tournée, comme une
dernière signature d'une éternelle jeunesse. Une dernière
farandole autour d'un ange qui a illuminé nos vies.......
J'y suis. Déjà l'avant concert et les odeurs de fritures et de saucisses. Cela me rappelle plus particulièrement les parfums de la tournée Johnny Circus en 1972..... Je déambule apaisé et heureux. Je croise des visages familiers... Premières retrouvailles, premières embrassades, premières émotions.
Il en a toujours été ainsi, loin des parcs d'attraction programmés ou
des fêtes peopolisées, ici l'on improvise avec son coeur
et l'on vit ses rêves. Cela peut paraître paradoxal.
Pourtant des années de passion commune refont surface,
peut-être aussi des années d'errance, dans ces nuits où
Johnny n'était pas aussi consensuel....
Enfin
les minutes se sont écoulées et une foule joyeuse et
bigarrée est maintenant dans l'antre du Zénith de Saint
Etienne, de Forest..... Je suis enfin chez moi ! Le musique
va gronder et les Dieux du Rock’n’roll vont
frémir.
Vous entendez, Johnny ! Johnny.........
Une chanson de gestes n'y suffirait pas, peut-être une
clameur immense que l'on entendrait par delà « les
monts près du ciel »..... Ultime pirouette de l'écriture,
guitare en bandoulière et vos sourires pour tout bagage, je
m'en irai...... je porterai définitivement l'empreinte des
copains, façon années 60, et le petit disquaire me
montrera la pochette de l'idole des jeunes. J'étais heureux
et toi aussi tu t'en souviens ?.....
La rue était bruyante, les années passaient, la rue était vivante, les
ruisseaux et les chemins jalonnaient mille histoires de
minots et de flirts d'un jour.... Peine perdue. Mots désuets,
langages perdus dans des rues mortes, je sentais bien le
temps du fric arriver......
J'inventais le bonheur dans une file d'attente, et j'étais intimidé
quand tu arrivais sur scène, je le suis toujours.... je rêve
à ces nuits passées dans la fumée des bars à refaire le
monde et les tournées, je m'endormais au matin, les indiens
chevauchaient dans des plaines.....
Tu chantais "j'ai peur, je t'aime ", nous n'avions peur que
d'une chose que le concert se termine.....
Ce concert est paré des éclats multicolores du plus bel
arc-en-ciel. Johnny ne chante pas, il nous transporte
jusqu'au bord de l'abîme. Sa façon à lui de nous dire
merci. Ouvrir une dernière fois nos coeurs à l'infini de
sa voix, et en quelques notes de musique, peut-être, voler
quelques instants à l'éternité........
Ce concert est éblouissant, condensé miraculeux de toutes ses tournées,
de tous ses concerts. Mon émotion immense à la fin du
concert est l'ultime témoignage de cette intensité, de
cette communion. Autour de moi, la magie opère chez les
plus jeunes ébahis, et l'amour perce à travers les larmes
nostalgiques et reconnaissantes des plus anciens......
C'est fini, je suis sous le choc.....
Dehors il fait nuit.... Je me souviens....
Des paroles perdues dans des files d'attente, ivres d'espoir.
Aux remords tardifs emportés par le vent des décibels.
Je me moquerai bien des crissements des plumes acerbes.
A l'heure des peines cachées derrière le miroir.
Est ce vraiment la « fin du voyage » ?
Ivresse de tes concerts et gueules de bois des matins froids.
Rien ne reste que le manque de ta présence.
Saint-Etienne et Bruxelles avaient le parfum des
retrouvailles.
Et ton sourire d'enfant chassait nos pensées d'automne......