On
pourrait commencer comme ça.
On pourrait dire que le spectacle de la Porte de Pantin, au
Pavillon de Paris, est celui de tous les vertiges. Et pour
en donner une idée plus précise, on pourrait raconter ce
soir de
l'automne 1979 où Johnny gravit l'échelle qui le conduit
à vingt mètres au-dessus de la scène... Il parvient au
sommet du bâtiment, il s'engage sur l'étroite passerelle
qui le conduit à la nacelle de métal en forme d'insecte
interstellaire qui doit ensuite
descendre à la verticale et le déposer sur la surface
laquée de blanc, devant les musiciens et face aux
spectateurs. Voici que l'ascenseur amorce sa descente, et
voilà qu'il s'incline. Deux poulies sur quatre se font
porter pâles. L'étrange araignée métallique se bloque
brutalement en tout début de course, et fait un quart de
tour vers l'avant. Johnny est projeté hors de l'habitacle,
à l'aplomb de la scène, rattrapé au vol par son garde du
corps. Il a les jambes qui pendent dans le vide. À la force
du poignet, les deux hommes parviennent à se hisser
au-dessus des griffes d'acier, à agripper la passerelle et
à redescendre, tremblants, par où ils sont venus. Le
Johnny qui, ce soir-là, se présente au public pour la
deuxième partie de son show, vient de croiser le visage de
la mort...
Vertigineuse,
la Porte de Pantin devait forcément l'être, puisqu'elle
avait pour référence Star Wars. La folie des hauteurs, en
quelque sorte. Une idée soumise à Johnny par l'équipe
chargée de la mise en scène du spectacle. Comme toujours,
il a acquiescé, sans mesurer peut-être la cascade de
conséquences qui vont en découler. Tout d'abord, une telle
mise en scène, toute à la verticale, et qui doit regarder
vers le ciel, n'est pas compatible avec le Palais des
Sports, cette bonne vieille capsule qui se révèle soudain
un peu courte en périmètre, et à peu près obsolète. Et
puis, de toute manière, le lieu est déjà pris. C'est
alors que l'équipe Hallyday, forte de sa réussite
technique et artistique de 1976, décide de créer sa propre
salle, puisque celle-ci n'existe pas, puisque ni Bercy, ni
le Zénith n'ont encore été construits. On commence par
visiter des lieux divers dans Paris : Pelouse de Reuilly,
banlieue nord, Vincennes... Et c'est ainsi qu'on tombe sur
une ruine, baptisée Pavillon de Paris, à La Villette. Un
ancien abattoir, totalement fantomatique et qui, du coup,
permet tous les fantasmes. Une fois louée cette carcasse au
look furieusement post-industriel, le moins que l'on puisse
dire est qu'on est loin du résultat. Mais l'endroit
possède un certain charme "Rencontre du troisième
type".
Une
anecdote : le 17 octobre 1979, veille de la première du
show, un Johnny particulièrement inquiet dans ce lieu sorti
de terre comme une ville du grand Ouest, s'exclamait : « J’ai
un trac épouvantable. Je fais cauchemars sur cauchemars.
C'est l'enfer ». Quinze jours plus tard, le spectacle, qui
devait s'arrêter le 18 novembre, est prolongé jusqu'au 25.
Atterrissage réussi, donc, pour l'ange-chanteur qui, le
soir de la dernière, alors qu'il attaque Rien que huit
jours, s'aperçoit en se retournant que c'est son fils,
David, qui l'accompagne à la batterie. Le père et l'enfant
unis sous les projecteurs sont visiblement très émus.
Comme s'il flottait déjà sur le vaisseau de laser un
parfum de Sang pour sang.
Il
a interprété :
Johnny concerto
L'ange aux yeux de laser
Fils de personne
Comme le soleil
Ma chérie c'est moi
Moi je t'aime
Le feu
Entre mes mains
Ma gueule
La terre promise
Le pénitencier
La fin du voyage
Sauvez moi
Lucille
La première pierre
Toujours là
Derrière l'amour
Requiem pour un fou
Rock'n'roll man
C'est mieux ainsi
Gabrielle
Salut Charlie
Qu'est-ce que tu croyais
Cet homme que voilà
Rien que huit jours
Frankie et Johnny
O Carole
Le bon temps du rock and roll
Ils
l'ont accompagné :
Guitare (leader) : Michel Govedri
Guitare (back-up) : Christophe Aubert Pedal steel : Marc Bozonnet
Basse : Rémi Dall'Anese
Piano, synthétiseur, orgue : Bill Ghiglione
Batterie : Jean Pierre Prévotat
Percussions, congas : Gilles Perrin
Saxophones : Gilbert Ciuffi, Gilbert Dall'Anese, Peter Mc
Gregor, Mick Picard
Trombones : Jean Costa, Christian Fourquet, Claude Romano,
Bernard Camus
Trompettes : André Laidli, Michel Loubière, Alfred
(Freddy) Hovsepian, Jeff Reynolds
Avec la participation de Gilbert
Montagné
Choristes
:
Erick Bamy
Jacques Ploquin
Jacques Mercier
Gilbert Einaudi
Liliane Davis
Anne Marie Godard
Pierrette Bargoin
Barry St John