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Hypothèse insensée : Johnny Hallyday n'existe pas. Ou si
peu. Un patron pépère de bowling de banlieue. Une pierre
qui roule sans mousse. Rien moins que personne quoi ! Un
Jean-Philippe Smet même pas d'opérette. Cette horreur à
l'état pur est née dans le cortex d'un certain Christophe
Turpin qui a imaginé Fabrice Luchini en fan de Johnny (et
puis quoi encore ?) et un Chris (Summer) en star...
■ Bref, les uns et les autres convaincus par ce «
scénario en or » Il a fallu tourner le film.
Disciple
depuis l’âge de dix ans
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En août dernier, Jean-Paul Poulizac, disciple de Johnny
depuis l'âge de dix ans (ses rouflaquettes ont dépassé le
demi-siècle) - carte n° 21589 du fan club - se retrouve à
Villacoublay avec neuf cents de ses congénères. Pour une
première nuit d'anthologie. « On s'est retrouvé au bar du
Parc des Princes et on a mis le feu en chantant ». A cent
trente euros la séance. ils |

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étaient
tous là pour jouer le public. Mais allez donc demander à
un fan de siffler Johnny. Parce qu'après que Luchini, fan
donc de Johnny, a tué Chris (Summer), le Hallyday du banc
de touche était censé ne pas faire le poids. « Nous, tu
parles, on l'applaudissait ! On s'est fait engueuler et
Johnny a dû nous raisonner. On a tourné cent fois la
scène. Toute la nuit ! »
■ Une semaine plus tard, Jean-Paul est rappelé. Cette
fois il monte en grade et sur l’estrade. Fabrice Luchini
qui, dans le scénar doit se prendre une mandale dans la
tronche, doit gésir à ses pieds. « Une heure que ça a
duré je devais pas bouger. Des fois on m’autorisait à me
dégourdir les jambes… »
■ Et puis il y a eu la dernière séance d’octobre,
en studio. Là, ils ne sont plus que trente-cinq avec
Luchini qui dans le film lui emprunte son écharpe de la
tournée 2003.
« On
a bien rigolé
et on a refait la soirée pluvieuse de 1998 »
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« Il m’appelait le fan celui qui lui disait qu’il
chantait faux. On a bien rigolé, mais on s’est bien fait
tremper aussi ! On a refait la fameuse soirée pluvieuse
de1998. »
■ Heureusement qu'il avait amené les cinq tenues de
rigueur, l’indienne des années 1970, le blouson des
années Cigale en 1986 - 88, la tenue rock des années 1990,
une tenue d'été et une tenue civile. Seule règle. «
planquer tout ce qui était marqué Hallyday ».
■ Sacrés « souvenirs-souvenirs » pour ce Jean-Paul
de Sainte-Solange, rebelle à moitié assagi mais toujours
inconditionnel du boss. Il a évidemment tous les vinyles de
Jojo, les 33 comme les 45 tours, les CD comme les DVD, les
magazines qui causent de lui... Sous son blouson de cuir,
son tee-shirt est frappé du blason de la prochaine tournée
2006, Flashback, avec un delta à la place du dernier a. Le
15 juin, le jour anniversaire de Johnny - « Il aura
soixante-trois ans, le vieux » - ne lui demandez pas où il
sera Jean-Paul. Sa place dans les tribunes du Parc des
Princes est réservée depuis deux ans. Il ira avec son
jumeau, Jean-Luc, fan lui aussi. Comme il ne raterait pas un
Zénith pour un empire. C'est « pour sa voix, son allure,
ses motos, son côté rebelle » qu'il aime Johnny. Il le
chante, il l'impose, même si parfois le vice-président du
club de foot de Sainte-Solange agace un peu à mettre
exclusivement du Johnny dans les hauts parleurs. « Queu
jeee têê-meu, queu jeu têê-meu, queu jeu têêm’ ».
Le 5 avril, date de sortie du film Jean-Philippe, il sera le
premier devant la porte des cinés. Il ne manque qu'une
chose à Jean-Paul pour être pleinement heureux : une
dédicace de son dieu. Jojo, un miracle !
Patrick
Martinat. |